Parole à la Commission de l'océan Indien (COI)

Date de mise à jour : 25 juillet 2022

« Relever ensemble les défis posés à l’agriculture de l’Indianocéanie» Pour ce nouvel échange, nous échangeons avec Véronique Espitalier-Noël, chargée de mission au sein de la Commission de l’océan Indien (COI). Véronique nous présente cette institution intergouvernementale, son rôle, les défis qu’elle tente de relever...

La COI, une organisation régionale insulaire intergouvernementale…

La COI est une organisation intergouvernementale de coopération. Elle regroupe l’Union des Comores,  la France au titre de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Créée il y a plus de 35 ans, elle élabore et met en œuvre des projets de coopération dans des domaines variés. Elle a ainsi conduit plus de 50 projets dans plus d’une dizaine de secteurs d’activités, allant des pêches à l’environnement, du climat à la sécurité maritime, de la santé à la culture. Cette organisation d’utilité publique permet de trouver des solutions, de porter des actions et d’agir dans des domaines où, individuellement, chaque île ne pourrait enregistrer autant de résultats significatifs. 

Citation Véronique Espitalier-Noël #2

Aujourd’hui, la COI met en œuvre une douzaine de projets soutenus par des partenaires du développement comme l’Union Européenne, l’Agence française de développement, la Banque mondiale… La COI a largement gagné en attractivité ; elle est reconnue aujourd’hui pour son expertise dans des domaines spécifiques comme l’épidémiosurveillance, la gestion durable des écosystèmes marins et côtiers ou encore la sécurité maritime, expliquant, notamment, l’intérêt marqué de nombreux Etats et organisations devenus membres observateurs (Chine, Inde, Japon, ONU, UE, OIF, Ordre de Malte).

Un plaidoyer en faveur des femmes de l’Indianocéanie…

La COI croit depuis toujours dans la capacité des femmes de l’Indianocéanie à jouer un rôle de premier plan pour le développement durable. Les questions de genre et de la promotion de la femme sont transversales. Ainsi, ces questions irriguent l’ensemble des activités de la COI dans lesquelles un maximum de femmes sont mobilisées. Tout particulièrement, la COI est très attentive à l’implication des femmes dans le cadre des actions en cours et à venir sur la sécurité alimentaire. 

 

Ce positionnement est marqué. Les raisons en sont simples. Les femmes sont très sensibles aux enjeux environnementaux, sociaux et humains ; très soucieuses de l’avenir, de celui de leur famille et de leur communauté. Plus qu’un relais, elles sont des promotrices du développement durable à travers une agriculture raisonnée. La COI mise notamment beaucoup sur le potentiel agricole malgache pour la sécurité alimentaire régionale parce que le réservoir de terres et de main d’œuvre de l’Indianocéanie est à Madagascar avec 95% des terres arables et 99% de la population régionale. La main d’œuvre agricole productive y est majoritairement féminine, plus de la moitié de la main d’œuvre agricole du pays sont des femmes et 80% des femmes actives de Madagascar travaillent dans l’agriculture. Le développement d’une agriculture durable, productive, diversifiée et de qualité, ne peut pas être pensé sans s’assurer de la pleine participation des femmes. 

Cependant, la contribution des femmes à la sécurité alimentaire mondiale ne reçoit que depuis peu l’attention qu’elle mérite. De nombreuses études, notamment de la FAO, ont montré que les femmes plus que les hommes ont des difficultés à accéder au crédit, et à la terre, aux intrants, aux semences de qualité, aux technologies. Ces difficultés nourrissent des inégalités sociales, économiques et politiques. Ces obstacles structurels nous privent de la contribution significative des femmes et de leur force mobilisatrice pour relever le défi de sécurité et de souveraineté alimentaires. Pourtant, selon la FAO, si on garantissait aux femmes le même accès que les hommes aux ressources nécessaires, la productivité de leurs exploitations augmenterait de 20% à 30%.

Citation Véronique Espitalier-Noël #3

Le défi de tous les États membres de la COI, est d’assurer une juste place aux femmes dans la transition vers une agriculture responsable, productive, diversifiée ainsi que d’autres secteurs économiques… 

Trois défis majeurs posés à l’agriculture de demain…

Le premier des défis est de réduire drastiquement la dépendance alimentaire de nos îles. Elles importent à grands frais la plupart des denrées agroalimentaires, dont certaines de base comme le riz, les grains secs, le maïs… Pourtant, il y a la possibilité de produire plus et mieux dans et pour la région. Les capacités d’investissement du privé existent aussi. 

Citation Véronique Espitalier-Noël #4

 

Un autre grand défi est la lutte contre les effets du changement climatique sur l’agriculture. Nos modèles agricoles subissent le stress des aléas climatiques au-delà des risques de catastrophes naturelles ; Il est question ici de résilience de l’agriculture, d’agriculture responsable, d’agroécologie. Enfin, le dernier défi majeur est certainement celui de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en donnant à chacune et chacun la nourriture nécessaire non seulement en quantité mais aussi en qualité. Une alimentation saine et diversifiée doit être promue, un changement de nos habitudes alimentaires encouragé. On touche ici à des questions de santé publique, du champ à l’assiette. 

Citation Véronique Espitalier-Noël #5

La coopération régionale, une affaire de femmes et d’hommes au service du bien commun…

Au quotidien, la COI s’efforce de faire valoir les besoins spécifiques de nos îles et de relever avec ses partenaires les défis communs d’aujourd’hui et de demain. Les projets qu’elle porte participe au développement économique, social et environnemental de nos îles. Elle soutient la mise en œuvre de politiques publiques régionales qui permettent de faire avancer un « agenda durable ».

Citation Véronique Espitalier-Noël #6

Parmi les grands projets portés par la COI sur ces sujets, le Programme régional de sécurité alimentaire et de nutrition (PRESAN) soutenu par la FAO et le FIDA offre un cadre global pour une action concertée en faveur de l’agriculture et de la nutrition. Un diagnostic de quelques filières agricoles présentant une valeur ajoutée pour la région a permis d’identifier les freins à leur structuration et à leur développement. Parallèlement, le programme SANOI, programme régional d'appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, financé par l’Europe au titre du 11ème FED, prévoit le renforcement de capacités des acteurs du secteur agricole, de l’agriculteur-paysan en passant par des services techniques investis dans les statistiques agricoles, les laboratoires de veille sanitaire… 

Enfin, la COI participe activement à la PRéRAD-OI, outil au service du développement de nos îles. Cette plateforme d’intérêt est reconnue comme étant un point nodal pour l’échange, la formation, la recherche… un pont entre la science et le terrain, qui lie nos institutions sur des sujets agricoles d’intérêt commun !

 

Date de mise à jour : 25 juillet 2022