L'agrobiodiversité à travers quelques exemples de "trésors" parfois négligés!

Date de mise à jour : 31 janvier 2024

Découvrez ce focus sur quelques plantes cultivées qui participent à la richesse de l’agrobiodiversité dans le sud-ouest de l’océan Indien, pour certaines négligées car peu connues, pour d’autres oubliées – toutes ont des propriétés d’adaptation face aux conditions agroclimatiques intéressantes mais aussi en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales en permettant de diversifier les diètes locales

Sommaire

L'Ambrevade : une trésor alimentaire et biologique de l'océan Indien

L'Arbre à Pain : plus qu'un fruit !

Racines et tubercules : des trésors souterrains

Savoureuses et durables, les légumineuses traditionnelles, piliers de l'alimentation

L'Amarante, une plante aux multiples facettes

L’Ambrevade : un trésor alimentaire et biologique de l’océan Indien

L'ambrevade, également connue sous le nom de pois d'Angole (Cajanus cajan), est une #légumineuse de la famille des Fabaceae. Cette plante vivace, aux tiges rampantes ou grimpantes, porte des gousses contenant des graines de couleur variable, du blanc au noir en passant par le rouge et le marron.

Originaire de l'Inde, l'ambrevade s'est adaptée à une variété de conditions climatiques. Elle préfère les régions tropicales et subtropicales, avec des températures comprises entre 20°C et 30°C. Bien qu'elle tolère la sécheresse, des pluies régulières sont nécessaires pour une croissance optimale. En ce qui concerne le sol, l'ambrevade est peu exigeante. Elle peut pousser dans des sols pauvres, mais préfère les sols bien drainés, légèrement acides à neutres.

Aujourd’hui, elle est un pilier de l'alimentation dans l'océan Indien offrant une source importante de protéines et d'acides aminés essentiels. Elle est notamment cultivée et consommée à Madagascar (où il est appelé "amberivatry"), aux Comores (où il est connu sous le nom de "ntsuzi"), et également à La Réunion et à Maurice.

Sa capacité à enrichir le sol en azote grâce à la fixation symbiotique de l'azote en fait également une plante dite de service intéressante.

L’Arbre à Pain, plus qu’un fruit !

Originaire de la région du Pacifique, L'arbre à pain, ou Artocarpus altilis, est plus qu'un simple arbre dans l’océan Indien. Il y symbolise la résilience et l'adaptabilité.

L'arbre à pain peut atteindre jusqu'à 20 mètres de hauteur. Ses feuilles, d'un vert profond, peuvent mesurer jusqu'à 90 cm de long. Il préfère les climats tropicaux humides, avec des températures comprises entre 21 et 32°C et une pluviométrie régulière. Il s'adapte à une variété de sols, mais préfère les sols bien drainés, légèrement acides à neutres. Les sols riches en matière organique lui sont particulièrement bénéfiques.

Son fruit, riche en glucides et faible en lipides, est une source essentielle de nutrition pour les populations locales. Il est apprécié dans plusieurs pays de l'océan Indien, notamment à Madagascar, à La Réunion, aux Seychelles et à Maurice, sous diverses formes : bouilli, frit, transformé. Il peut également être utilisé dans des desserts ou des boissons.

L'arbre à pain joue un rôle crucial dans l'économie de plusieurs pays de l'océan Indien. De nombreux agriculteurs dépendent de sa culture: la vente des fruits, ainsi que des produits dérivés, leurs procure un revenu stable. La valorisation du fruit en différents produits dérivés, tels que des chips, des purées, des confitures et des boissons, crée des emplois dans la transformation, la distribution et la vente. Il représente un marqueur singulier de nos territoires et de nos jardins…

Racines et tubercules, des trésors souterrains

Dans l'océan Indien, les racines et les tubercules tels que le manioc, l'igname, le taro et la patate douce sont bien plus que de simples aliments. Ils sont au cœur des économies locales, des piliers de la sécurité alimentaire et la base de traditions culinaires. Découvrons ensemble pourquoi ils sont indispensables à la région.

Manioc - Prédominant à Madagascar et aux Comores, il s'adapte à des sols peu fertiles. Sa transformation en produits dérivés tels que la farine de manioc génère des revenus significatifs et stimule les industries locales.

Igname - Prisé à Madagascar et à Maurice, il joue un rôle crucial dans la rotation des cultures, aidant à prévenir l'érosion du sol et à maintenir sa santé, tout en offrant une source de revenus stable aux agriculteurs grâce à sa demande constante sur les marchés locaux et internationaux.

Taro - Cultivé dans des zones plus humides à La Réunion et aux Seychelles, il est une source de revenus pour les communautés rurales, grâce à sa double utilité : les feuilles et les tubercules sont consommés, offrant ainsi diverses opportunités de marché.

Patate douce - Adorée à Maurice et à Madagascar, elle est non seulement une source de nourriture, mais aussi une culture de rente, grâce à sa facilité de culture et à sa résistance aux maladies, permettant une production abondante avec peu d’intrants.

 
 

Impact économique - Ces cultures sont des moteurs économiques puissants, créant des emplois non seulement dans l'agriculture, mais aussi dans les secteurs de la transformation alimentaire, du transport et de la vente au détail, à travers des chaînes de valeur robustes qui nourrissent et fait vivre des millions de personnes.

Savoureuses et durables, les légumineuses traditionnelles, piliers de l’alimentation

Dans le sud-ouest de l'océan Indien, une région riche en agrobiodiversité, les légumineuses traditionnelles (pois, haricots, lentilles…) jouent un rôle central dans l'alimentation des populations locales, mais aussi dans l'économie.

À Madagascar, le Voanjobory (Bambara groundnut) est plus qu'un aliment, c'est une tradition. Cultivé dans des sols bien drainés, il est résistant à la sécheresse. Dans les assiettes, il se transforme en succulents plats, apportant des protéines essentielles.

À Maurice et La Réunion ne sont pas en reste, avec les pois du Cap (ou haricot de Lima), qui prospèrent dans des sols riches et bien irrigués. Ces légumineuses, riches en fibres, sont un incontournable des carris, des currys et autres plats traditionnels, contribuant ainsi à une alimentation équilibrée.

Aux Seychelles, les lentilles et les haricots rouges sont les stars des ragoûts et des soupes, apportant une touche de couleur et une richesse nutritionnelle à chaque repas.

Aux Comores et à Mayotte, le Niébé et les haricots mungo, cultivés dans des sols fertiles et bénéficiant d'un climat tropical humide, sont une source de revenus pour de nombreux agriculteurs locaux.

L’Amarante, une plante aux multiples facettes

Notamment à Madagascar et aux Comores, l'amarante, plante patrimoniale, s'est adaptée à divers environnements optimaux pour sa croissance.

L'amarante est une plante résiliente.  Préférant les sols bien drainés, elle peut prospérer dans une variété de terres, allant des sols sableux aux sols argileux, pourvu qu'ils soient riches en matières organiques. Bien qu'elle préfère les climats tropicaux et subtropicaux, l'amarante est résistante à la sécheresse, ce qui lui permet de survivre dans des régions aux précipitations irrégulières.

L'amarante est connue pour sa croissance rapide, une caractéristique qui la rend particulièrement précieuse dans les régions touchées par l'insécurité alimentaire.

Dans l'océan Indien, elle est la source d'une nutrition riche et diversifiée. Les feuilles d'amarante, consommées fraîches ou cuites, sont une source incroyable de vitamines A et C, de calcium, de fer et de magnésium. Elles peuvent être préparées de diverses manières, sautées, bouillies incorporées à de nombreux plats traditionnels ou ajoutées à des soupes. Ses graines, riches en protéines de haute qualité, contiennent tous les acides aminés essentiels. Elles peuvent être cuites comme du quinoa, ajoutées à des soupes, ou même transformées en farine pour la boulangerie. Les tiges peuvent être également consommées, souvent utilisées dans les carris et autres préparations culinaires, apportant une texture croquante et une saveur délicate aux plats.

1- Amarante - Montréal
2- Amarante Montréal
Amarante - Montéal © Isabelle Mialet-Serra
4- Amarante © Isabelle Mialet-Serra

Au-delà de ses usages culinaires, l'amarante a également des propriétés médicinales. Elle est connue pour aider à réguler la pression artérielle et à renforcer le système immunitaire, grâce à sa richesse en phytonutriments.

L'amarante contribue largement ainsi à la sécurité alimentaire, nutritionnelle et sanitaire des populations qui la cultivent et la consomment. La culture de l'amarante encourage les pratiques agricoles durables. Elle a la capacité de restaurer la fertilité du sol grâce à ses racines profondes qui aèrent le sol et permettent une meilleure infiltration de l'eau. De plus, elle est résistante à de nombreux ravageurs et maladies, réduisant ainsi le besoin en pesticides et en engrais chimiques. Elle peut être, par ailleurs, cultivée en association avec d'autres plantes.

Par ses nombreuses qualités, l'amarante offre un terrain fertile pour l'innovation et le développement de nouveaux produits à base d'amarante, allant de snacks à des compléments alimentaires, créant ainsi de nouvelles opportunités de marché et stimulant l'économie locale.

Date de mise à jour : 31 janvier 2024