Parole à l'ONG Dahari aux Comores

Date de mise à jour : 25 juillet 2022

Dans le cadre du projet Germination, pour la préservation et la valorisation des ressources génétiques végétales agricoles dans le sud-ouest de l’océan Indien, animé et coordonné par le Cirad, l’ONG Dahari, partenaire comorien très actif, prend part sur l’île d’Anjouan (Union des Comores) à la promotion et la diffusion des variétés locales adaptées et des bonnes pratiques de production de semences et de multiplication de matériel sain. Elle participe ainsi pleinement à la conservation de l’agrobiodiversité patrimoniale d’Anjouan et maintenant de Grande Comores, au développement et à l’autonomie alimentaire des communautés locales.

Dahari, une ONG au service du développement agricole à Anjouan… 

Dahari est une ONG comorienne créée en 2013 qui accompagne les communautés locales d’Anjouan dans leur développement agricole, la gestion durable des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité. Ainsi, face à une érosion progressive des ressources génétiques végétales agricoles appréciées des communautés locales, Dahari relève le défi de conserver ces variétés d’intérêt, en les multipliant et en les distribuant. 

Logo Dahari © Dahari

Concrètement en intégrant le réseau Germination, Dahari étend le spectre des possibles en testant des variétés venues d’autres îles, étoffant ainsi l’offre de variétés adaptées aux conditions agroécologiques d’Anjouan. L’accent est mis également sur le renforcement de la formation des agriculteurs aux différentes techniques de multiplication.

Des réalisations concrètes et utiles…

Au cours d’une première phase, Dahari a réalisé un important travail d’inventaire de variétés locales de plantes alimentaires chez les producteurs d’Anjouan, suivi d’un travail de caractérisation morphologique in situ de différentes variétés de bananiers, taro, macabo, manioc et ignames selon une méthode standardisée. Certaines de ces variétés ont été collectées et mises en collection. 

Collection de Pagé © Jean-Pierre Labouisse, Cirad

 

Collection de Pagé (2) © Jean-Pierre Labouisse, Cirad

Le personnel de Dahari a bénéficié d’une formation aux bonnes pratiques de collecte et de mise en collection des ressources végétales avec un souci constant d’amélioration de la traçabilité du matériel durant toutes ces étapes. Lors de cette formation, le coordinateur du projet, Jean-Pierre Labouisse, a souligné ainsi l’importance d’établir des fiches de collecte précises et de tenir à jour un registre répertoriant les variétés introduites en collection. Une fois la caractérisation morphologique faite, on pourra envisager la publication de fiches variétales illustrées ou de posters avec des informations sur les caractères organoleptiques des tubercules ou des fruits et sur les modalités de culture.  

Bilan et perspectives…

Après trois années passée au sein du réseau Germination, Hugh Doulton et Misbahou Mohamed, co-directeurs de Dahari tirent un premier bilan positif, malgré des difficultés qui persistent. 

Misbahou Mohamed Co-directeur Dahari © Dahari

La collection de Pagé a été enrichie de nouvelles variétés, son état sanitaire amélioré. Vingt-deux variétés de manioc, 5 variétés de Macabo, 9 variétés de taro, 25 variétés de bananier, 16 variétés de patate douce et 7 variétés d’ignames sont présentes dans cette collection.

Face aux faibles surfaces disponibles dans cette collection, limitant le nombre de plants par variété et la largeur des écartements, inférieurs aux standards recommandés et augmentant les risques sanitaires, des recommandations ont été formulées afin d’optimiser et de sécuriser la collection. Une surveillance accrue de l’état sanitaire des plants, une rotation des cultures pour les racines et les tubercules et une réimplantation de la parcelle des bananiers tous les 4 ou 5 ans doivent limiter ces risques. Une réflexion est, par ailleurs, conduite afin de préserver en priorité les variétés les plus rares, intéressantes sur un plan nutritionnel, concernant la résistance aux maladies ou à la sécheresse. 

Sur le terrain, Hugh et Misbahou constatent que ce travail profite très concrètement aux communautés locales. En effet, à travers le réseau de vulgarisateurs formés par Dahari, les agriculteurs et les semenciers sont formés aux techniques de conservation et de multiplication dans plusieurs villages partenaires. Dans certains d’entre eux, aujourd’hui de petites collections sont constituées permettant de gagner en autonomie avec une production sur place et un échange entre communautés locales. C’est notamment le cas pour la patate douce et pour la banane ; sur cette dernière, Dahari a travaillé avec plus de 1800 producteurs !  

Culture de patate douce à Anjouan © Jean Pierre-Labouisse, Cirad

L’ONG Dahari va poursuivre ses efforts afin de répondre aux besoins des communautés locales en semences d’arachide et de pomme de terre. L’accent va être également mis sur la production locale de semences de plantes maraîchères dans la perspective d’une moindre dépendance aux importations. 

Au-delà, à l’échelle de l’archipel des Comores, le réseau Germination et ses partenaires comoriens vont participer à une étude sur la diversité génétique des variétés de taro. Les variétés, présentes dans les collections de l’INRAPE et de Dahari seront caractérisées sur le plan génétique dans les laboratoires du Pôle de Protection des Plantes (3P) à Saint-Pierre (France- La Réunion).

Les perspectives et les chantiers en matière de conservation et valorisation des ressources génétiques végétales agricoles sont encore nombreux aux Comores, que la PRéRAD-OI et le réseau Germination s’efforcent d’accompagner. Dans ce cadre, la coopération régionale scientifique, à travers un partage des efforts et un accompagnement en matière de renforcement de capacités, reste un réel atout pour chacune des îles de la zone sud-ouest de l’océan Indien!

Date de mise à jour : 25 juillet 2022