Une volonté continue de mettre ses compétences au service de la protection de l’environnement sur son île natale…

Son diplôme d’écoconseillère de l’Institut d’écoconseil de Strasbourg (France) en poche, Pamela Bapoo-Dundoo rejoint alors les rangs de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) des Nations Unies à Genève. Son rêve d’enfant de travailler pour une organisation internationale se réalise. Cependant Pamela ne perd pas de vue son principal objectif : mettre ses compétences au service de son pays d’origine, Maurice.  Animée par cette volonté, Pamela prend la tête en 1997 du programme de micro-financement du fonds mondial pour l’environnement (GEF - SGP : Global Environment Facility - Small Grants Program) mise en œuvre par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) mis en œuvre depuis peu sur son île natale. Aujourd’hui, sa motivation reste intacte… 

La société civile comme actrice du développement et du changement…

Créé en 1992 à la veille du Sommet de Rio, le GEF est conçu pour aider à résoudre les problèmes environnementaux les plus urgents sur notre planète. A travers son programme de micro-financement, ce fonds apporte son soutien financier et technique directement à la société civile et aux communautés locales (populations autochtones, groupes communautaires, ONG, …). Le programme finance, à hauteur de 50 000$, des projets dans les domaines de la biodiversité, de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique, de la dégradation des terres et de la gestion durable des forêts, de la préservation des eaux internationales et des problématiques de pollution liées, en mettant l’accent sur le renforcement de capacités et sur la création de revenus. 

Actif depuis 25 ans, le programme a apporté son soutien à 178 projets sur Maurice et Rodrigues à travers des moyens technique et financier dédiés. Depuis 1997 Pamela est à la tête du programme à Maurice et accompagne des porteurs des projets de la rédaction à l’évaluation …

C’est avec un enthousiasme non dissimulé que Pamela évoque les femmes et les hommes qu’elle a accompagnés au fil des années entre Maurice et Rodrigues, à travers une multitude de projet. En effet, outre la protection de l’environnement, les projets soutenus par le GEF - SGP mettent l’humain au centre en cherchant à améliorer le bien-être et les moyens de subsistance des populations et c’est notamment la formation et la génération de revenus qui sont apparus comme des priorités pour Pamela. 

Le programme montre ainsi que les communautés locales ont une réelle capacité d’actions pour répondre aux grands enjeux environnementaux de notre époque et que de petits projets locaux peuvent avoir un impact global.

Un rôle affirmé des femmes dans la protection des écosystèmes à Maurice…

Pamela s’implique notamment sur la question de la place et du rôle des femmes, convaincue que ces dernières ont un rôle clé à jouer pour répondre aux défis de notre époque. 

En effet, grâce au programme de micro-financement, de nombreux projets portés par des femmes sont financés et accompagnés ; il s’agit de faire entendre leurs voix et démontrer leurs capacités d’actions, et ainsi faire évoluer la condition des femmes dans la société mauricienne. Quelques exemples en témoignent. Dans le cadre du programme « Women-Led Innovation » en partenariat notamment avec le secteur privé (et la société mauricienne IBL en particulier) GEF SGP a alloué 150 000$ à cinq projets portés par des femmes ayant des petites entreprises sociales. 

Les projets accompagnés sont très divers. Ainsi les productrices de curcuma rodriguais sont financées afin d’améliorer et augmenter les produits en safran local. Elles sont notamment appuyées par l’université de Maurice pour tester la faisabilité de gélule de curcuma.

Dans un contexte de réduction des plastiques à usage unique à Maurice, le programme soutient d’une part une coopérative de femmes qui fabrique des assiettes en feuille de palmes, et d’autre part un projet d’entreprise de tressage de panier en Vacoa. Pour ce projet, le GEF SGP investit dans de nouvelles machines et dans les démarches de mise en conformité des produits fabriqués. Pamela évoque également les tisanes Secret Grand-Mère, entreprise qui a vu le jour grâce à l’aide du GEF SGP et qui aujourd’hui bénéficie du programme « Woman Led  Innovation Programme» pour améliorer leur marketing et branding. Le dernier projet mentionné est le projet FoodWise visant à lutter contre le gaspillage et l’insécurité alimentaire en distribuant les surplus et les invendus des entreprises à ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui le programme aide cette entreprise sociale à se développer à travers la création d’une application mais également sur les sujets de normes sanitaires et alimentaires.

Enfin, le GEF - SGP facilite la médiatisation de ces projets dans le but notamment d’encourager les femmes de Maurice à suivre ces exemples mais également démontrer le rôle fondamental des femmes dans la protection de l’environnement à Maurice.

Une coopération régionale renforcée pour répondre aux défis de l’agriculture mauricienne …

Pamela identifie aujourd’hui trois défis majeurs pour l’agriculture mauricienne : la gestion des pestes, l’adaptation au changement climatique et la formation et l’installation des jeunes en agriculture. 

Ces défis sont de taille, cependant, pour Pamela des changements sont déjà amorcés. L’agriculture biologique prend notamment une place de plus en plus importante dans l’agenda politique mauricien ; une loi à ce sujet est en attente de validation par le parlement. La pandémie de Covid-19 a provoqué un véritable regain d’intérêt pour le secteur agricole. De nombreux jeunes se lancent dans l’agriculture à l’île Maurice, avec l’ambition de développer une agriculture durable… 

Sur la question de la formation des jeunes en agriculture, Pamela évoque un projet d’école de planteurs, un appel à projet sur l’agriculture urbaine ou encore un projet d’ampleur sur les drains écologiques … 

Pour répondre à ces défis, Pamela compte également sur la coopération régionale. 

Les projets soutenus par le programme pourront ainsi compter sur un accompagnement technique solide de la PRéRAD-OI et de ses réseaux d’acteurs et un renforcement notamment des liens entre la recherche mauricienne et réunionnaise au service du développement dans l’océan Indien.

Des nombreuses pistes de collaborations se dessinent d’ores et déjà, et les recherches du Cirad sur le Limon de Rodrigues pourraient être mise à profit dans la nouvelle plantation d’un verger mixte de  limoniers et plantes endémiques initiée par le GEF SGP  à Rodrigues !

De belles collaborations en perspective !