L'observatoire à Madagascar

Date de mise à jour : 15 mars 2024

A Madagascar, l'observatoire repose sur un partenariat opérationnel entre la PRéRAD-OI, Afdi Madagascar et le Réseau SOA, ainsi que sur des relations étroites avec le Comité national de l’agriculture familiale (CNAF) et les organisations paysannes faîtières qui en sont membres. En effet, sur la Grande île, la stratégie adoptée est d’œuvrer à la construction d’un dispositif porté et mis en œuvre par les organisations paysannes pour répondre à leurs besoins en matière d’informations sur les exploitations agricoles et leurs performances.

Sommaire

Les acteurs

Une enquête

Un atelier de concertation

Un travail d'inventaire

Une étude de faisabilité

Trois acteurs du monde agricole associent leurs efforts…

Réseau SOA  

Créé en 2003, Réseau SOA (Syndicat des Organisations Agricoles) est un syndicat agricole malgache qui regroupe 26 organisations paysannes membres, réparties sur 15 régions, et représentant plus de 28 000 exploitations familiales. Avec l’appui d’Afdi Madagascar, Réseau SOA collecte des données depuis plusieurs années pour mieux connaitre le profil des exploitations agricoles familiales membres de son réseau. Ainsi, une première enquête menée en 2013-2014 lui a permis de recueillir des données auprès de 151 exploitants agricoles, de les analyser et d’en restituer le contenu auprès de ses membres. Afin de poursuivre cette démarche, le Réseau SOA s’est associé en 2021 à Afdi Madagascar et la PRéRAD-OI pour étudier la faisabilité d’un observatoire des agricultures à Madagascar et lancer l’enquête dont il est ici question.

Afdi Madagascar

Partenaire historique de Réseau SOA, Afdi soutient notamment financièrement la réalisation de l’enquête à travers le programme SEPOP (Services et Plaidoyer pour les organisations paysannes). Lancé en 2020, ce programme financé par l’AFD via le réseau AgriCord pour une durée de trois ans, vise à soutenir la production de connaissances par les organisations paysannes et à faciliter la formulation de propositions politiques paysannes pour l’anticipation et la gestion des crises dans le secteur agricole. Le but affiché est de renforcer l’influence des organisations paysannes dans la construction et la mise en œuvre des politiques et stratégies agricoles aux niveaux local, national, et régional.

Le Cirad

A Madagascar, le Cirad apporte un appui important pour faciliter ces activités. Il faut ici souligner l’importante contribution de Jean-François Bélières, agroéconomiste spécialiste de l’agriculture familiale, qui a grandement facilité l’élaboration du questionnaire d’enquête, la construction de la base de données, la formation des enquêteurs, et qui a donné de précieux conseils pour l’organisation de l’enquête.

Par ailleurs, à La Réunion, Sandrine Auzoux, chercheure en informatique & spécialiste des bases de données et des systèmes d’informations, apporte un appui précieux pour construire la base servant à la gestion des données collectées à Madagascar et mettre en place des requêtes pour verser les données recueillies dans le système d’informations hébergé à La Réunion, qui sera, à terme, partagé par les différents observatoires des agricultures dans les territoires concernés pour faciliter la gestion et la valorisation des données par chaque utilisateur.

Une enquête de terrain aux objectifs pluriels…

Cette enquête exploratoire permet de

  • Mieux connaître les conditions nécessaires à la réalisation d’une enquête en milieu rural à Madagascar (en termes de coûts, ressources nécessaires, difficultés logistiques, etc.) ;
  • Éprouver la pertinence du cadre méthodologique harmonisé de l’observatoire des agricultures de l’océan Indien en l’appliquant au contexte malgache ;
  • Obtenir un premier jeu complet de données qui viendra alimenter le système régional d’informations sur lequel travaille la PRéRAD-OI (architecture de la base de données, développement de l’interface, choix des indicateurs, etc.) avec ses partenaires.
Enquête dans une exploitation agricole familiale, Madagascar © T. Manantsoa, SOA

Par ailleurs, elle permettra à réseau SOA de mieux connaître le profil des exploitations agricoles de ses membres, de renforcer ses activités de plaidoyer sur les thématiques de l’accès au foncier, de l’accès aux marchés, de l’installation des jeunes, de la place des femmes dans la gestion des exploitations agricoles, du changement climatique, etc. et de renforcer en interne ses capacités à travers la formation de son équipe à la gestion de bases de données, le recrutement d’un responsable des activités de plaidoyer, et diverses dotations en matériels. Cet appui au renforcement de capacités de Réseau SOA est rendu possible grâce à l’appui précieux et structurant d’Afdi Madagascar qui l’accompagne maintenant depuis de nombreuses années.

Un questionnaire détaillé, élaboré pour les besoins de l’observatoire, permet l’inventaire des capitaux productifs présents sur chaque exploitation, décrit les activités agricoles et non-agricoles des ménages rencontrés, et renseigne tous les éléments nécessaires aux calculs du revenu total des exploitations. Le questionnaire intègre également des questions thématiques qui décrivent la vision de l’avenir des exploitants et leurs connaissances des innovations techniques et des matériels végétaux améliorées.

Notre actualité : l’étude de faisabilité à Madagascar se poursuit…

Un atelier de concertation des 6 organisations paysannes faitières, membres du CNAF

Le Comité national de l’agriculture familiale malgache (CNAF), créé en 2015 à la suite de l’année internationale de l’agriculture familiale en 2014, a inscrit dans son Plan d’action pour la décennie de l’agriculture familiale l’objectif de développer des liens étroits avec des dispositifs tels que l’observatoire des agricultures de l’océan Indien pour assurer la production, la consolidation et l’analyse de données agricoles :

« Une collaboration au niveau international, et notamment avec l’Observatoire des agricultures de l’océan Indien permettra de mobiliser un cadre harmonisé pour disposer de données homogènes et comparables sur l’ensemble du territoire et dans la sous-région, de mesurer le poids et le rôle des agricultures familiales, données indispensables pour alimenter des actions de plaidoyer. Ce cadre d’analyse permet en outre de mettre en œuvre des dispositifs de suivi et d’évaluation des effets économiques sociaux et environnementaux des investissements réalisés au sein des exploitations pour en améliorer les performances. Il est ainsi possible de développer un suivi dans le temps des trajectoires d’adaptations de ces différents types d’agricultures aux changements environnementaux et économiques auxquelles elles font face ».

Grâce à la présence et à la participation active des 6 organisations paysannes faîtières de Madagascar (CPM, Réseau SOA, FVTM, FIFATA, KOLOHARENA, FEKRITAMA) qui représentent les 14 912 associations d'agriculteurs de base et 529.250 familles de producteurs à travers l'île, cet atelier constitue une étape importante dans la définition du projet d’observatoire des agricultures à Madagascar. En effet, les échanges visaient à construire une compréhension commune de l’observatoire, à identifier les attentes des organisations paysannes faîtières à son égard et à entériner de manière collégiale sa création .

A l'issue de cet atelier, une lettre de positionnement des 6 organisations paysannes faîtières malagasy en faveur du projet d’observatoire des agricultures de Madagascar a été collégialement rédigée et signée.

Les six organisations paysannes reconnaissent ainsi que la création d’un observatoire des agricultures à Madagascar, intégré à l’observatoire des agricultures de l’océan Indien, offre un cadre d’action et des ressources concrètes pour produire des connaissances qui éclaireront leurs décisions, tout en facilitant la création d’outils adaptés aux activités de conseil et d’accompagnement de leurs membres sur le terrain (itinéraires technico-économiques, outils de benchmarking, etc.). Enfin, une meilleure compréhension de la diversité et des besoins des exploitations agricoles leurs permettra de mieux défendre les intérêts de l’agriculture familiale malgache auprès des décideurs politiques.

Elles s'engagent ainsi à participer à la création de cet observatoire et à prendre une part active dans ses activités et son fonctionnement, à se joindre à l’effort collectif pour mobiliser les ressources humaines, financières, matérielles et techniques nécessaires à la création de cet observatoire et affirment leur volonté de participer pleinement à sa gouvernance en identifiant collectivement les activités à mettre en œuvre, les problématiques et les territoires à étudier, et en formulant des attentes sur les livrables et résultats attendus.

Notre actualité: les 6 organisations paysannes faîtières malgaches, membres du CNAF se réunissent...

En parallèle, un travail d’inventaire des parties prenantes, des systèmes d’informations et des données…

Dans le cadre de sa mission, Vincent Garruchet poursuit ses rencontres avec les différents acteurs du monde agricole à Madagascar pour identifier les dispositifs qui produisent des données agricoles, caractériser les données actuellement disponibles, et identifier les besoins des utilisateurs potentiels de l’observatoire.

A un niveau institutionnel, des rencontres régulières sont également organisées avec les différents services du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage de Madagascar pour bien comprendre les activités de collecte et d’analyse de données agricoles menées par les pouvoirs publics. Vincent a ainsi pu rencontrer le Secrétariat général du Ministère, le Service des Statistiques Agricoles (STATAGRI), la Cellule de l’Observatoire du Riz (ODR), la Direction de la Planification et du Suivi-Evaluation (DPSE), la Direction d'appui à l'Organisation des Producteurs et à l’Agro-business (DOPAB), l’Unité de Gestion des Systèmes d'Information et de la Digitalisation (USID), et le Centre Géo-informatique Appliqué au Développement Rural (CGARD). Dans les prochaines semaines, d’autres acteurs tels que la Direction Générale de la Météorologie (DGM), l’Institut National de la Statistique (INSTAT), ou encore le Fonds de Développement Agricole (FDA) seront également sollicités dans le cadre de cette étude de faisabilité.  

Enfin, des relations ont également été tissées avec les différentes organisations de coopération internationale présentes à Madagascar et dans le sud-ouest de l’océan Indien pour préciser la manière dont l’observatoire pourrait répondre à certains de leurs besoins concernant le suivi et l’évaluation de leurs actions, l’évaluation de l’impact, la définition de situations de référence... A ce stade, des premières rencontres ont eu lieu avec l’Agence française de développement (AFD), la Délégation de l'Union européenne auprès de la République de Madagascar et de l'Union des Comores, ou encore avec le Fonds International des Nations Unies pour le Développement Agricole (FIDA). De prochains échanges avec la FAO à Madagascar et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) sont également prévus…

Ce travail sur Madagascar montre la voie à d'autres territoires de la sous-région.

Une étude de faisabilité

L’étude de faisabilité lancée en avril 2021 s’est terminée fin novembre 2022, après 20 mois de travail intense, avec nos partenaires malgaches.

Le rapport est téléchargeable à partir de notre actualité « Observatoire des agricultures : la faisabilité d’un observatoire territorial à Madagascar vient de se terminer ! » 

Outre le contexte dans lequel ce travail a été initié, ce rapport apporte un éclairage sur les choix faits en matière de partenariats opérationnels et techniques faits depuis le lancement de l’idée d’un observatoire régionale des agricultures dans le sud-ouest de l’océan Indien et celui d’un observatoire territorial sur Madagascar, en défendant l’idée d’un rapprochement stratégique et opérationnel avec les organisations paysannes fédératives.

Ce rapport revient de manière très synthétique et opérationnelle sur l’origine et le contexte dans lequel cet observatoire territorial des agricultures à Madagascar est défini, sur les constats ou les caractéristiques de l’agriculture à Madagascar, « mal connue dans sa diversité » car peu décrite et peu documentée. Plusieurs constats sont ainsi établis :

1/ Il n’existe pas de système d’information actualisé permettant de documenter l’état actuel des exploitations familiales à Madagascar ni a fortiori d’en produire des typologies régionalisées et d’en suivre l’évolution et les transformations attendues.

2/ Différentes données existantes recensées( celles du Réseau des Observatoires Ruraux (ROR), du Recensement Général Agricole, et celles des travaux du Cirad à Madagascar) sont globalement compatibles avec le cadre méthodologique de l’Observatoire des agricultures de l’océan Indien.

3/ Les données existantes ne sont pas facilement accessibles pour les acteurs du développement ; elles sont par ailleurs dispersées eu égard aux nombreux projets de développement à Madagascar, souvent à des échelles peu comparables (parcelles, systèmes, filières, territoire) ; elles sont peu standardisées.

Ce rapport revient sur le travail d’enquête décrite plus haut venant alimenter en données le futur observatoire, sur le positionnement, les atouts, les acteurs et les services qui pourraient être rendus par cet outil d’aide à la prise de décision auprès de différents types d’acteurs. Il identifie les besoins humains et financiers nécessaires dans de tels cas, à travers différents scenarii.

Une étape importante franchie!

Date de mise à jour : 15 mars 2024