APTAE-OI : Appropriation des Pratiques pour la Transition Agro-Ecologique dans le sud-ouest de l’océan Indien

Date de mise à jour : 16 janvier 2024

Dans le cadre du programme régional d’appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle financé par l’Union européenne, en partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI), le projet APTAE-OI a pour principal objectif de promouvoir et de diffuser un corpus de pratiques agro-écologiques pour une transition réussie dans le sud-ouest de l’océan Indien. Ce projet contribue ainsi à la sécurité alimentaire, nutritionnelle et sanitaire des populations du sud-ouest de l’océan Indien à travers la production de produits issus de l’agroécologie, plus sains, de qualité et qui valorisent la diversité des ressources génétiques agro-alimentaires locales, parfois négligées.

Sommaire

Capitaliser et diffuser

Évaluer les performances socio-économiques et agro-environnementales

Analyser les systèmes participatifs de garantie

Dans le cadre du programme régional d’appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du sud-ouest de l’océan Indien (SANOI), financé par L’Union européenne au titre du 11ème Fond européen de développement (FED), en partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI), le Cirad à La Réunion, la Chambre d’Agriculture de Maurice (MCA), l’association Le Vélo Vert (LVV) appuyés par l’ONG Initiative Développement (ID*), l’ONG Dahari et la société réunionnaise Tech’Sens - Amariot  unissent leurs forces afin d’inventorier, capitaliser et documenter les pratiques agro-écologiques et contribuer à leur diffusion, principalement sur deux territoires que sont l’île Maurice et l’Union des Comores.

L’agro-écologie représente une approche alternative de production, aujourd’hui très souvent privilégiée et potentiellement intéressante sur les plans économique, social et environnemental par rapport aux modèles conventionnels d’intensification agricole. L’agro-écologie répond notamment à un enjeu de préservation et de respect de notre environnement avec une utilisation réduite et raisonnée d’intrants de synthèse - énergie fossile, fertilisants, pesticides – à travers la mobilisation de la biodiversité, des services qu’elle peut rendre et, plus largement des ressources naturelles.

Aujourd’hui, les essais, les parcelles de démonstration et les initiatives en la matière dans le sud-ouest de l’océan Indien sont nombreux. La recherche apporte sa part de connaissances qui visent notamment à préserver la santé des plantes et des sols tout en garantissant une production durable et de qualité pour les populations locales, à diversifier les productions. D’autres acteurs très actifs dans le développement agricole durable de nos territoires insulaires participent également très largement à ces efforts.

Il n’existe donc pas une solution mais des solutions agro-écologiques adaptées aux différents contextes insulaires.

Le projet APTAE-OI se propose d’une part d’inventorier, de capitaliser et de diffuser ces pratiques, d’en évaluer les performances socio-économiques et agro-environnementales, dimension encore trop peu documentée.  Une analyse critique des systèmes existants de garanti de qualité des produits sera également réalisée et viendra appuyer les réflexions autour de la différenciation de la valeur ajoutée de produits issus de l’agroécologie et de leur mise en marché.

Capitaliser et diffuser les pratiques agro-écologiques dans le sud-ouest de l’océan Indien

Le partage et la mobilisation des connaissances se feront au cours d’ateliers participatifs qui pour certains se dérouleront très concrètement sur le terrain, prenant en compte spécificités locales, situations et solutions différenciantes et adaptées.

Les ateliers sur le terrain ou « champs-écoles » n’ont pas pour seul objectif de permettre ce travail d’inventaire des pratiques agro-écologiques et des innovations existantes. Ils représentent en soi des outils d’apprentissage collectifs. Ils offrent en effet un cadre pédagogique et didactique aux divers acteurs du développement et de la recherche pour travailler ensemble sur la manière d’accompagner notamment les agriculteurs dans leurs changements de pratiques.

Ces ateliers sont, dans ce cadre, des dispositifs participatifs pertinents à plusieurs titres. Au travers de l’expérimentation, ils permettent de produire des connaissances et de construire des innovations, tout en éclairant sur la plus-value de telles démarches. Ils permettent aussi des échanges entre les divers acteurs agricoles, sur des cas concrets. Ils permettent ainsi un renforcement des compétences techniques et pratiques des acteurs présents, un plus haut niveau d’expertise étant mobilisée, n’étant pas sur des solutions clés en main et standardisées.

Ces ateliers sur le terrain sont donc des lieux d’apprentissage et de mise en œuvre des pratiques, des moments d’échanges entre acteurs agricoles, de partage et de diffusion de connaissances. Ils contribuent ainsi à une dynamique de groupe favorable à l’accompagnement des processus de diffusion et d’appropriation.

Au cours de ces différents lieux et temps de partage, des premiers outils de capitalisation (guide, capsule-vidéos…) seront collectivement réfléchis, tant sur la forme que sur le fond, développés et mis à la disposition des parties prenantes.

Évaluer les performances socio-économiques et agro-environnementales des pratiques agro-écologiques

Les performances socio-économiques et agro-environnementales des pratiques agro-écologiques sont souvent questionnées. Les analyses conduites qui permettent de documenter utilement ces questions sur les systèmes agro-écologiques sont encore rares.

Ainsi le projet APTAE-OI réalisera notamment une analyse critique des données existantes disponibles chez les partenaires du projet qui peuvent être de natures différentes.  Il s’agit très concrètement de répondre aux questions suivantes : quelle est la fiabilité des données ? sont-elles suffisantes et pertinentes pour une évaluation multicritère ? que doit-on à minimum recueillir comme données pour renseigner des indicateurs ?  différentes méthodes et analyses seront mobilisées : par exemple pour une analyse environnementale (avec l’outil Analyse du Cycle de Vie (ACV)), une analyse de rentabilité financière (avec l’outil coûts-bénéfices), une analyse sociale (main d’œuvre, pénibilité, genre). Cette activité sera conduite en relation avec l’équipe du Cirad et ses partenaires qui travaillent sur le projet d’observatoire des agricultures de l’océan Indien à l’échelle notamment de l’exploitation et du ménage agricoles.

Analyser les systèmes participatifs actuels de garantie de la qualité des produits issus de l’agroécologie

L’approche consiste à travailler avec des acteurs déjà impliqués dans des démarches de différenciation et de certification des produits issus de l’agro-écologie dans les différents pays de la région sud-ouest.

Une analyse de quelques expériences concrètes pour lesquelles des données sont déjà disponibles à Madagascar et à Maurice sera conduite. Elle évaluera les modalités et le niveau de participation des parties prenantes, les règles de gouvernance et de contrôle, les processus d’apprentissage. Elle analysera les cahiers des charges et les règles collectives en place dans ces différents systèmes participatifs de garantie. Seront également appréciés les niveaux de demandes de ces produits certifiés et des prix de vente attendus.

Un recensement d’autres initiatives, quel que soit leur niveau d’institutionnalisation, sera réalisé avec différents acteurs locaux.

L’analyse croisée de ces différentes expériences permettra d’éclairer les échecs, les faiblesses des systèmes en place mais également de valider et d’échanger sur de bonnes pratiques dans la mise en place de ces systèmes participatifs de garantie. Les enseignements tirés permettront d’adapter les outils destinés à sensibiliser les acteurs sur les stratégies de valorisation et de certification participant au changement d’échelle de l’agroécologie dans la sous-région. Ces outils seront diffusés et contribueront à la réflexion sur l’intérêt de la reconnaissance de ce type de système de garantie, au niveau régional. Des actions de sensibilisation seront organisées en ce sens.

Une note d’analyse à destination des principaux utilisateurs (producteurs, acteurs intermédiaires, services d’appui au développement agricole et à la transition agro-écologique, consommateurs ou acheteurs de produits agro-écologiques) sera rédigée.  Elle soulignera les facteurs de succès et les risques liés à la mise en place de systèmes de garantie.

Ce projet est financé par l'Union européenne (au titre du 11ème FED) et mis en œuvre en partenariat avec la Commission de l'océan Indien (COI) dans le cadre du programme régional d'appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SANOI).

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Auteur : Isabelle Mialet-Serra (Cirad)

Date de mise à jour : 16 janvier 2024