Living’Forest : des « Living Labs » territoriaux pour renforcer les synergies entre enjeux de conservation et de valorisation de la biodiversité forestière

Date de mise à jour : 24 janvier 2024

Dans le cadre du programme régional VARUNA "une ambition régionale pour la biodiversité" financé par l'AFD et mis en œuvre et coordonné par Expertise France, le Cirad (UMR SENS) coordonne le projet régional Living'Forest qui vise à renforcer les synergies entre enjeux de conservation et de valorisation de la biodiversité forestière. Le projet Living'Forest représente ainsi une contribution très concrète de la recherche à la production interactive de savoirs pour et avec la société au sujet de la biodiversité.

Sommaire

Quels sont les objectifs de Living’Forest ?

Qu'est ce qu'un "Living Lab"?

Quelles sont les principales activités de Living'Forest?

Partenaires financiers et techniques

Quels sont les objectifs de Living’Forest ?

L’objectif général de ce projet vise la mise en place de « Living labs » territoriaux de cogestion adaptative de la biodiversité forestière permettant le développement d’innovations conciliant conservation et valorisation des systèmes forestiers. Ainsi la gestion est partagée et s’adapte aux spécificités et aux contraintes du contexte dans lequel le living-lab est créé ; il développe des solutions innovantes qui peuvent être par exemple des règles de gestion et des pratiques partagées par l’ensemble des parties prenantes et considérées comme justes et équitables par celles-ci qui concilient conservation de la biodiversité forestière et satisfaction des besoins humains (récolte du bois, cueillettes, chasses…).

Ce projet bien que régional est mis en œuvre sur trois territoires pilotes : deux à Madagascar, dans la région Analanjirofo, sur la côte Est de Madagascar, qui abrite un patchwork de petites aires protégées qui assure la conservation de forêts littorales de l’Est de Madagascar ; La région de Ranomafana et plus particulièrement la région du Sud-Ouest du parc de Ranomafana) et le parc national de Mohéli.

Ces trois sites ont été choisis car faisant ou ayant fait l’objet de travaux scientifiques de longues dates reposant sur des partenariats multi-acteurs anciens. Des projets passés ont donc permis d’identifier un ensemble d’enjeux et de besoins que le projet Living’Forest se propose de (re)partager, (re)discuter, (re)définir entre les acteurs divers représentés.

Qu'est ce qu'un "Living Lab"?

Un "Living Lab" ou "laboratoire vivant" permet de créer de la proximité (physique, informationnelle, organisationnelle, institutionnelle) entre les différents acteurs qui opèrent sur un territoire donné, offrant ainsi un cadre d’intermédiation permettant de mettre en œuvre une dynamique de coopération entre différents types d’acteurs afin de favoriser et faciliter l’échange, la circulation et la mutualisation d’informations et de connaissances, mais pas que…

Il permet de développer ainsi une dynamique de « faire commun » qui va permettre de produire du commun pour les différents acteurs d’un territoire à partir du « faire », avec notamment la co-création d’innovations répondant à des enjeux partagés. 

Il va aussi et ainsi permettre de favoriser l’appropriation des savoirs, mais surtout de donner la possibilité à chaque acteur de développer ses propres savoirs pour appréhender et transformer son milieu de vie et pouvoir contribuer à sa transformation. En ce sens, le « living Lab » a ainsi pour vocation de contribuer également au renforcement des capacités des acteurs d’un territoire. 

En bref, au travers du renforcement des capacités, du « faire commun », de dynamiques d’expérimentations collectives, le Living Lab se veut in fine un espace d’exploration possible (au regard de son caractère expérimental) de modalités de cogestion de la biodiversité forestière. Il est ainsi lui-même innovant ; il mobilise des approches innovantes ; il produit de l’innovation…

Quelles sont les principales activités de Living'Forest?

Renforcer le partage des connaissances entre acteurs académiques, institutionnels et opérationnels de la conservation et de la valorisation de la biodiversité forestière au niveau de l’Océan Indien et de territoires pilotes

Un état de l’art des connaissances, nombreuses mais fractionnées au niveau disciplinaire et géographique, par défaut des lacunes de connaissances au niveau des acteurs à l’échelle de chaque site pilote et des outils de partage et de co-construction de connaissances déjà existants est réalisé.

Rapprocher les différents acteurs de trois territoires pilotes autour d’une représentation partagée des enjeux liés à la conservation et à la valorisation de la biodiversité forestière

La vision respective que les différents acteurs territoriaux se font de la biodiversité forestière et de sa dynamique, l’impact des stratégies de gestion et d’usages mises en place par chaque type d’acteur sur la biodiversité à différentes échelles de temps et d’espace sont analysées et documentées. Les innovations favorisant une dynamique de cogestion adaptative de la biodiversité forestière sont identifiées et sont priorisées. Une communauté d’acteurs se crée à l’échelle de chaque territoire pilote autour d’une représentation partagée des enjeux et l’identification d’innovations nécessaires à la cogestion de la biodiversité forestière.

Pour ce faire, deux approches innovantes sont mobilisées:

  • la modélisation dite d’accompagnement ComMod* (qui opérationnalise des jeux de rôles dits sérieux), outils de représentation simplifiée et de simulation du fonctionnement des socio-écosystèmes qui aident à franchir les frontières disciplinaires pour étudier les processus de coordination entre acteurs et de décision collective et d’autre part,
  • le théâtre Forum, outil qui permet, grâce à la participation de chacun⋅e (jeux d’acteurs), d’identifier et d’expérimenter simplement et collectivement des actions alternatives considérées comme plus justes par les différentes parties prenantes.

Co-construire les modalités de fonctionnement de Living Labs territoriaux via la mise en œuvre d'expérimentations collectives répondant aux enjeux partagés de conservation et de valorisation de la biodiversité forestière

En fonction des questions que les différentes parties prenantes souhaitent résoudre ensemble, il s’agit de co-construire tout en les expérimentant différentes modalités de collaborations (entre acteurs) et plus largement du fonctionnement du Living Lab, à partir de la mise en œuvre d’innovations sociales et techniques.

Dans ce cas, différentes dimensions (cognitives, institutionnelles, organisationnelles, informationnelles, économiques, etc.), qui peuvent impacter la mise en œuvre de principes de cogestion considérés comme justes et équitables, sont prises en compte. En effet toutes les parties prenantes autour de la table ne portent pas les mêmes systèmes de valeurs et n’ont donc pas la même perception de ce qui relève de la justice sociale et environnementale.

Des Living Labs territoriaux de cogestion adaptative de la biodiversité forestière sont ainsi définis au travers de l’expérimentation collective d’innovations sociales et techniques.

Mutualiser et diffuser les conditions d'implantation de Living Labs territoriaux dans l’océan Indien

Dans un souci d’approche régionale, il s’agit également de:

  • partager et de mettre en débat les résultats issus des expérimentations collectives menées sur les 3 sites pilotes ;
  • définir dans un cadre élargi les conditions favorables à la « réplicabilité » de ces dispositifs notamment sur d’autres territoires et dans d’autres conditions ;
  • partager les recommandations faites dans le cadre des expérimentations en cours sur Madagascar et aux Comores afin d’évaluer collectivement leur transposition aux autres contextes insulaires dans la sous-région du sud-ouest de l'océan Indien dans une logique systématique de re-contextualisation. 

Ainsi, à terme et en fin de projet, des recommandations sont développées et proposées afin d’implanter des Living Labs territoriaux de gestion de la biodiversité forestière sur d’autres territoires insulaires de l’océan Indien.

Partenaires financiers et techniques

Ce projet est financé par l'Agence Française de Développement (AFD), coordonné et mis en œuvre par Expertise France (EF). Pour en savoir plus sur le programme régional VARUNA.

Les partenaires opérationnels, scientifiques et techniques du projet sont: l'institut de recherche pour le développement (IRD), le muséum national d'histoire naturelle (MNHN); à Madagascar: l'université d'Antananarivo (ESA-Forêt, MBEV), le FOFIFA, le  CNRE, Valbio, MNP; aux Comores: l'Université des Comores (départements de droit et de géographie), le Parc national de Mohé.

Auteurs : Isabelle Mialet-Serra (Cirad); Frédérique Jankowski (Cirad)

Date de mise à jour : 24 janvier 2024