Vous avez dit "plantes de services"?

Date de mise à jour : 31 janvier 2024

Dans le cadre d’approches agroécologiques, les plantes de services peuvent offrir de multiples avantages. Elles permettent de limiter les mauvaises herbes, de réguler naturellement et spécifiquement les populations de pathogènes, de maintenir voire de restaurer la fertilité des sols… A chaque plante de service, son rôle et ses avantages… Aujourd’hui, de nombreuses disciplines sont mobilisées sur ce sujet, de nombreuses connaissances existent mais sont encore trop peu partagées et diffusées largement... Capitalisation, partage et diffusion de ces connaissances dans le sud-ouest de l'océan Indien représentent des enjeux importants.

Sommaire

Contexte et enjeux

La conception de systèmes de cultures innovants: l'exemple de La Réunion et de Maurice

Le numérique au service du partage et de la diffusion des savoirs

Contexte et Enjeux

En mobilisant la diversité, les synergies et les complémentarités entre espèces végétales, la biodiversité rend de multiples services à l'agrosystème. Cette biodiversité régule les adventices (ou mauvaises herbes) et les populations de bioagresseurs, limite les dégâts dus à des ravageurs ou des maladies telluriques, maintient la fertilité du sol. Elle permet de lutter contre l’érosion, ou encore de diminuer l’utilisation d’intrants chimiques…

Ainsi l’introduction de plantes dites « de services » dans les agrosystèmes cultivés est, aujourd’hui, l’une des voies explorées pour créer des systèmes agronomiques, dits agroécologiques, performants et respectueux de l’environnement.

Bandes fleuries dans exploitation maraichere diversifiee © Joël Huat, Cirad

Les propriétés et les avantages d’une large gamme d’espèces sont ainsi très largement étudiés, dans le sud-ouest de l’océan Indien, dans le cadre d’essais au champ mais également en milieu paysan.  Ces études conjuguent analyses des caractéristiques fonctionnelles selon des indicateurs simples du fonctionnement des agroécosystèmes et évaluation des propriétés de communautés de plantes diverses.

La conception de systèmes de cultures innovants : l'exemple de La Réunion et de Maurice

Sur l’île de La Réunion (France), l’ambition de réduire les herbicides de 50% à l’horizon 2025 (dans le cadre du programme national ECOPHYTO) impose de rechercher des solutions techniques alternatives efficaces. Ainsi, le Cirad, en partenariat étroit avec eRcane, expérimente au champ l’introduction et l’utilisation des plantes de services afin de maîtriser les adventices en inter-culture ou en intercalaire de la canne à sucre. Ces deux partenaires évaluent ainsi les performances en termes de recouvrement et de contrôle des adventices d’une large gamme de plantes de services (en culture pure et en mélange) dans diverses situations pédoclimatiques réunionnaises. Différents indicateurs de performances sont recherchés tels une vitesse de recouvrement élevée, une bonne persistance du recouvrement, une production de biomasse importante ou encore une bonne capacité à fixer l’azote de l’atmosphère.

Fiche RITA 2020 n°1 © Cirad
Fiche RITA 2020 n°2 © Cirad
Fiche RITA 2020 n°3 © Cirad
     

De plus, des modèles mathématiques permettant de simuler la croissance des associations de cultures (canne à sucre en association avec des plantes de services en intercalaire) sont en cours de développement. Ces modèles permettront d’évaluer les associations culturales en termes de production dans des contextes climatiques variés et apporter des informations complémentaires sur la pertinence du choix des espèces et les itinéraires techniques requis.

Etudes de differentes plantes de service La Mare (La Réunion) 2020 © Mathias Christina, Cirad

A Maurice, face également à un enjeu de réduction des pesticides, de lutte et de contrôle biologique des bioagresseurs des productions maraichères, la chambre d’agriculture de Maurice (MCA), en partenariat avec le FAREI (Food and Agricultural Research Extension Institute) et avec le soutien scientifique et technique du Cirad à La Réunion, pilote le projet Smart Agriculture. Dans le cadre d’une approche structurée et collective, ce projet a pour objet la mise en place et l’accompagnement d’un réseau de producteurs, pour la transformation pas à pas de leurs systèmes de culture vers des systèmes agro-écologiques plus résilients face au changement climatique. Une réduction de l’impact négatif de ces pratiques agricoles sur l’environnement et la production de produits agroalimentaires de qualité sont recherchés. Une réflexion collective est ainsi conduite sur la gestion agro-écologique de ravageurs tels que les mouches des fruits (Bactrocera dorsalis, Bactrocera cucurbitae et Neoceratitis cyanescens), la mineuse des feuilles (Lyriomiza trifolii et Lyriomiza huidobrensis), les thrips (Thrips palmi), des maladies (flétrissement bactérien des Solanacés, racines roses de l’oignon, rouilles, anthracnose,…) ainsi que d’adventices problématiques telles que les herbes à oignons (Cyperus Rotondus), l’anis sauvage (Cyclospermum leptophyllum) et les brèdes malabar (Amaranthus dubius). Parmi les voies testées et proposées, l’optimisation de services écosystémiques se fait au travers d’une approche qui s’appuie sur la biodiversité qui privilégie l’introduction de plantes de services.

Laitue sous filets anti-oiseaux (Maurice) © Joël Huat, Cirad

Le numérique au service du partage et de la diffusion des savoirs…

Se pose l'enjeu de partager cette information.

De nombreux outils numériques dédiés aux plantes sauvages et cultivées, libres de droits et accessibles via internet à partir de différents supports (ordinateurs, téléphones mobiles, tablettes…), existent. Ils représentent un corpus d’outils intéressants quant à leurs objectifs complémentaires et leurs cibles diverses.

Parmi ceux-ci, on peut citer:  

  • Pl@ntNet est un espace collaboratif d'échange d'informations de type Wiki, sur les plantes utiles et les usages des plantes et une application smartphone, co-développée par le Cirad, l’INRIA, l’IRD et l’INRAe, qui permet la reconnaissance des plantes à partir de photos. Il est hébergé par un consortium d'institutions européennes dans le domaine des sciences de la nature ce qui garantit la pérennité du site;
  • Pl@ntUse est un cas d'étude de Pl@ntNet, qui décrit spécifiquement 707 espèces de plantes alimentaires du monde entier, que l’on peut se procurer sur les marchés ou cueillir dans la nature. La plupart des espèces sont représentées par 1700 dessins originaux. De plus, pour la première fois, 350 cartes illustrent l’origine et la diffusion de 557 espèces ;
  • Wiktrop est un portail web collaboratif qui permet aux acteurs du monde agricole tropical de partager et diffuser leurs connaissances et leurs questionnements sur les adventices tropicales et méditerranéennes, ainsi que sur les méthodes de gestion des enherbements. Il est associé à des applications mobiles facilitant son utilisation.
  • Tropical Forages et FAST sont des outils interactifs pour la sélection d'espèces fourragères adaptées aux conditions locales dans les régions tropicales et subtropicales ; FAST est notamment adapté à La Réunion et à Madagascar;
  • LEXSYS (« Pulses expert system ») est un système expert sur les légumineuses et leur intégration dans des systèmes de production, développés par des chercheurs en Afrique Occidentale et Centrale. L’outil combine connaissances des utilisateurs et informations contenues dans une base de données;
Poster Plant'Asso © Mansuy et al., eRcane - Cirad
  • Plant’Asso, développé en 2020 dans le cadre du projet TransAgriDom et du RITA (Réseaux d’innovation et de transfert agricole dans les outre-mer), est une application web de capitalisation des connaissances issues d’expériences réussies sur l’utilisation des plantes de services dans différents systèmes de culture tropicaux menés dans les cinq départements d’outre-mer français. Il apporte des informations sur les itinéraires techniques (ITK), la mise en place, l’entretien et la gestion du couvert. Il apporte conseils et recommandations quant aux choix les plus adaptés en pur ou en association spatiale ou temporelle, en interculture ou en couvert pérenne, en fonction de la culture de rente pratiquée et des services écosystémiques recherchés (lutte contre les adventices, les bioagresseurs, restitution de l’azote, …). Il recense avis à dires d’experts et de praticiens basés sur des retours d’expériences d’usages dans divers environnements. Ce nouvel outil opérationnel, qui sera diffusé dans le courant de l'année 2021, répond aux besoins de différents acteurs du monde agricole (conseillers, formateurs, expérimentateurs et chercheurs).

Poster Plant'Asso

Date de mise à jour : 31 janvier 2024