Parole à la Chambre d'Agriculture de Maurice (MCA)

Date de mise à jour : 25 juillet 2022

« Accompagner l’agriculture mauricienne dans sa transformation » Cette semaine, nous échangeons avec Jacqueline Sauzier, Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture de Maurice (MCA) qui est engagée avec détermination depuis plus de 20 ans aux côtés des agriculteurs. Jacqueline nous éclaire notamment sur les enjeux que doit relever le secteur agricole à Maurice et la prise de conscience récente des mauriciens au sujet de l’importance de ce secteur économique suite à la crise COVID-19 et aux bouleversements que cette crise a révélé de manière aiguë....

Une volonté continue de mettre ses compétences au service du développement de l’agriculture mauricienne …

Après des études en aquaculture et en biologie marine, Jacqueline a travaillé auprès de l’ONG « Mauritius Marine Conservation Society » engagée pour la protection marine ; elle y est toujours volontaire, depuis maintenant presque 25 ans. Après 22 ans passés au service d’une coopérative qui produisait de la viande de cerfs, elle rejoint la Chambre d’Agriculture de Maurice (MCA) en 2012 et y occupe aujourd’hui le poste de Secrétaire générale.

Citation Jacqueline Sauzier #1

La Chambre d'agriculture de Maurice est une association privée, qui a pour objectif le développement de l’agriculture à Maurice et de créer du lien entre les producteurs et les autorités locales, particulièrement, attentives aux différentes législations mises en place. La majorité de ses membres sont des planteurs de canne. Travailler dans ce milieu à dominante masculine n’a jamais posé de problème à cette femme de caractère…

Citation Jacqueline Sauzier #2

L’agriculture, un secteur économique qui souffre d’un manque de reconnaissance…

Les enjeux sont nombreux. L’agriculture à Maurice est un secteur peu valorisé : la chambre des métiers agricoles n’existe pas, la formation agricole est inexistante, ce sont les jeunes en échec scolaire qui intègre ce secteur par dépit, ce secteur est peu encadré…La population agricole est vieillissante…Le secteur peu structuré…

La filière canne, pilier de l’agriculture à Maurice, est aujourd’hui fragilisée: les coûts de production ne cessent d’augmenter, avec des coûts de main d’œuvre élevés ; le travail sur de nombreuses parcelles est jugé pénible car encore manuel; les revenus des planteurs ne cessent de baisser, rendant cette filière peu attractive; la législation qui l’encadre date, est maintenant inadaptée et doit être assouplie quant aux conditions d’embauche d’une main d’œuvre étrangère. Des solutions pour diversifier les sources de revenus de la canne sont à trouver, la valorisation des sous-produits de la canne pouvant être une solution. Jacqueline appelle à un sursaut nécessaire pour sauver cette filière ; des discussions avec les autorités pour trouver des solutions sont en cours. Par ailleurs, la banque mondiale a été mandatée par les autorités locales pour faire un diagnostic et proposer des solutions, suscitant de fortes attentes plus de 3 ans après que la sonnette d’alarme ait été tirée ... Aujourd’hui environ 1000 ha par an sont laissés en friches pour un total de plus de 10 000 ha laissés à l’abandon…

Citation Jacqueline Sauzier #3

Concrètement, Jacqueline revient sur deux sujets très opérationnels et très actuels, portés aujourd’hui par la MCA qui illustrent pleinement les actions de la chambre : la question de la valorisation des sous-produits de la canne tels que la bagasse pour la production d’énergie et  le projet SMART-AGRI qui accompagne nombre d’agriculteurs vers la transition agroécologique avec pour objectif principal la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les filières maraichères notamment…

Les effets de la crise sanitaire : un regain d’intérêt pour le secteur agricole…

La crise sanitaire que nous traversons a eu un effet très négatif sur l’économie du pays, mais depuis beaucoup de mauriciens ont pris conscience de l’importance du secteur agricole et de la valeur du travail lié. Depuis, beaucoup de gens sont revenus à la terre, parfois à une échelle modeste dans une arrière-cour… mais avec cette ferme intention de produire durablement et localement…

Le challenge est d’accompagner ce changement… afin de faire naître durablement ces vocations et offrir un cadre adapté et complet. Jacqueline insiste ainsi sur la nécessaire structuration de ce secteur qui passe inévitablement par une meilleure connaissance de celui-ci. Elle reconnait avec enthousiasme que les choses avancent vite actuellement mais est attentive aux réflexions et à la concertation que cela nécessite, la MCA étant toujours au plus près des consultations menées par les autorités.

Citation Jacqueline Sauzier #4

Des relations privilégiées entre les deux îles sœurs…

Les îles sœurs sont très proches géographiquement mais aussi présentent des similarités importantes qui facilitent les échanges et encouragent le développement de solutions communes à ces deux territoires. Ainsi la MCA travaille naturellement et énormément avec La Réunion, depuis plusieurs années. Cette collaboration est notamment très forte avec le Cirad ; le projet Smart-Agri mobilise des compétences du Cirad, qui appuie et accompagne le travail de nos deux volontaires sur le terrain. 

Jacqueline est très engagée dans la coopération entre nos deux pays ; en témoigne sa distinction au titre de chevalier à l’ordre du mérite agricole remise en juillet 2018 par l’Ambassadeur de France à Maurice.

Le travail entre nos différentes institutions est remarquable mais des partenariats plus fréquents sont à faciliter entre nos producteurs … 

Citation Jacqueline Sauzier #5

La MCA développe depuis de longues dates des partenariats avec Madagascar, dans le domaine avicole notamment et la production de maïs. Les échanges existent mais le plus difficile est de trouver les bons interlocuteurs.

La PRéRAD-OI nous aide à nous rencontrer et permet un échange entre pays membres de la COI sur nos forces, nos faiblesses, nos besoins. Elle nous aide à mieux nous connaitre et à tenter ensemble de répondre à des problématiques communes. Au-delà de ces échanges entre institutions, elle doit embarquer et rassurer les producteurs sur l’intérêt à échanger entre eux. De plus l’observatoire des agricultures de l’océan Indien va notamment nous permettre de documenter ces forces et ces faiblesses. 

Citation Jacqueline Sauzier #6

Date de mise à jour : 25 juillet 2022